La Fine Paroi de l’écran. Entre déplacements et transformations possibles : l’atelier « jeux vidéos » du centre de jour Imago – le 7 février à 20H30

Imago est un service extrahospitalier de jour intégré dans le tissu urbain anderlechtois qui accueille des jeunes adultes souffrant de problèmes de santé mentale. Il peut s’agir de dépression, d’un épisode psychotique, de troubles anxieux et de tout état caractérisé par une grande difficulté à être soi, une instabilité affective et émotionnelle, et/ou la présence excessive de sentiments tels que la honte, la culpabilité et l’impuissance.
Ces troubles se manifestent par des difficultés relationnelles et de gestion des émotions, des comportements de dépendance (affective, sexuelle, au virtuel), des sensations de perte de sens et de vide, de l’isolement, des comportements à risque tels que des tentatives de suicide.

Imago est un lieu de soin et de réhabilitation psychosociale qui offre un dispositif thérapeutique groupal et individuel basé sur le modèle des communautés thérapeutiques et de la sociothérapie. Une équipe pluridisciplinaire (psychiatre, érgothérapeute, kinésithérapeute, assistant social, psychologues, éducateurs et artistes) propose des outils thérapeutiques tels que la médiation (artistique, sportive et culturelle), le groupe de parole, le psychodrame et un accompagnement individuel par deux référents. Chaque participant construit son programme thérapeutique en accord avec l’équipe. La participation (à temps plein ou à temps partiel) s’adapte en fonction des projets de réinsertion sociale et professionnelle (bénévolat, études/formation, reprise d’un emploi), des soins ambulatoires (psychothérapie, rdv médicaux) et des démarches extérieures. La durée du traitement est variable (maximum un an renouvelable une fois) en fonction des besoins spécifiques de chacun.

Quelques mots sur la soirée de ce 7/02

 Le propos de cet exposé est de rendre compte de la manière dont un média aussi répandu que méconnu dans ses implications psychothérapeutiques, comme le « jeu vidéo », peut donner lieu à un travail clinique significatif avec des patients « jeunes adultes », en institution. L’usage de ce medium dans un cadre thérapeutique, nous oblige aujourd’hui à une problématisation de son maniement qui fait déjà l’objet d’une importante réflexion depuis des années. Cependant, le débat scientifique actuel à son égard, semble polariser la question clinique entre les univers de la psychopathologie (addictions et dérives du médium) d’un côté et le thérapeutique (utilisation de plus en plus spécifique dans le traitement de la souffrance psychique, et pas seulement avec des patients plus jeunes) de l’autre.

  Le jeu vidéo est, en effet, un objet technologique très ambigu et complexe qui, dans un contexte thérapeutique spécifique, doit être constamment repensé afin d’offrir des possibilités de « traduction » de l’expérience subjective, de la souffrance que certains patients ne parviennent pas à traiter et transformer autrement dans les espaces du quotidien. Est-ce que le jeux vidéo en tant que « ludus visuel » ou « iocus virtuel » pourrait favoriser la naissance ou la réémergence de nouvelles dynamiques relatives aux expériences douloureuse en attente de mobilisation psychique et corporelle ? 

   La métapsychologie psychanalytique freudienne, à la lumière des travaux de Jean Laplanche et de Christophe Dejours, pourrait nous aider à éclairer ces déplacements topiques sollicités par et à travers l’interface technologique du virtuel. Qu’arrive-t-il aux corps de ces jeunes « assis » dans une stase apparente, face à la séduction généralisée des images en mouvement ? Dans le cadre spécifique du Centre Thérapeutique de Jour « Imago », l’atelier réunit quatre patients qui utilisent un jeu de « rôle » spécifique (plus précisément un telltale game : « Detroit : Became Human ») et deux thérapeutes garants du cadre.

   À l’interface entre le virtuel et le réel, entre les personnages fictifs et les sujets qui les animent, entre le psychique et le corporel dans la temporalité et l’espace de l’atelier, ce medium semble représenter pour ces jeunes (adultes) une aide à la traduction de l’expérience. Il suggère un étayage autre à la construction subjective qu’à partir d’un corps figé dans un espace réel (sur une chaise), soutient un regard qui se mobilise, en s’appuyant et traversant l’écran. Un regard aux prises avec une paroi subtile qui n’est pas encore un miroir (maternel) au sens de Winnicott.

   Benjamin Renard (assistant social et socio-thérapeute), introduira un bref excursus historique sur l’atelier, le processus de sa construction, la méthodologie du dispositif et la réflexion qui a nourri et nourrit encore son remodelage et remaniement. Emanuele Ferrigno (psychologue clinicien), co-animateur de l’atelier, tentera d’en lire les aspects psychodynamiques, métapsychologiques. De courtes vignettes cliniques aideront les deux thérapeutes à illustrer la complexité d’un travail extrêmement mouvant et imprévisible. 

  • Benjamin Renard : Assistant sociale et socio-thérapeute
  • Emanuele Ferrigno : Psychologue clinicien

Pour découvrir le jeu : ici

Pour en savoir un peu plus sur le sujet : une interview de M. Stora