« Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui. » – La responsabilité du psychologue dans le soin psychique. Le 17 novembre.

Par Geneviève Monnoye.

Quelles sont les conditions autorisant le soin d’un être humain en souffrance psychique et/ou relationnelle ?

Paul Ricœur condense mes réflexions autour de l’intimité d’un être humain et pointe les prérequis du soin psychique : « Le plus court chemin de soi à soi-même passe par autrui. »

Cette nécessité d’en passer par autrui et donc d’en passer par la parole – que cette parole soit verbale, corporelle ou à média – nous pousse donc, nous psychocliniciens de tous bords, à interroger notre responsabilité par rapport à cette parole, notre responsabilité par rapport à cette possibilité de « se » dire indissociable du processus thérapeutique, quel que soit le processus de soin psychique utilisé.

Lors d’une approche du versant psychique de la santé, la relation de confiance n’est pas un simple adjuvant comme dans la médecine somatique,elle en est la condition sine qua non . Qui se risquerait à dévoiler son intimité à quelqu’un qui lui affirmerait devoir inscrire dans un DPI … centralisé et partagé tout azimut, sa parole-élaboration, cette parole témoin fragile de ce parcours de soi à soi ? 

La confidentialité est la première des qualités de la pratique des soins de santé mentale. 

Cependant, au cas par cas… des règles cumulées pourraient autoriser si nécessaire un partage limité, avec un (ou des) professionnel(s) désigné(s), des données confidentielles pertinentes et objectivables dans l’intérêt de cette personne et ce, si possible avec son « assentiment éclairé ». 

Le patient n’est-il pas le plus habilité à transmettre lui-même des données le concernant?

Le psychologue n’a-t-il pas quelques responsabilités dans l’éclairage de cet assentiment dit éclairé ?  Cet assentiment dit éclairé n’est-il pas tributaire du facteur temps ?

Un droit à l’oubli n’est-il pas indispensable ?

Un nouveau défi :

– Dans nos pratiques professionnelles, deux notions juridiques ne frôlent-elles pas l’oubli: le secret professionnel comme règle de droit public ainsi que sa double finalité ?

– Actuellement, notre conception de l’être humain ne vacille-t-elle pas ?

En santé mentale, prenons-nous soin de l’être humain qui chemine de soi à soi ? La suggestion ne prend-t-elle pas le pas ? Ou pis encore – et quel défi pour vous, psychologues cliniciens- n’est-ce pas le Belraï ou autre logiciel qui définira (objectivera) ce patient ? N’est-ce pas l’algorithme qui décidera des modalités à suivre pour le bien de ce patient!

Comment réinjecter de l’humain, du relationnel dans le processus de soin psychique ?