10ème colloque BBADOS

Samedi 2 décembre 2023 – Maison de la Chimie, Paris

Quelle est la lumière qui donne une ombre au Moi ?
Comment la genèse du « Je » est aussi l’ombre d’un « Autre » déjà en devenir ?
Comment cette genèse interne pour une part énigmatique, prend-elle en compte l’ombre des représentations du Moi parental ainsi que son intériorisation ?
Comment, chez les « thérapeutes », ce Moi en devenir peut-il être parfois relégué au second plan au profit d’une quête de l’énigme des enjeux psychiques de ce devenir ?

Le bébé passe ainsi d’un monde anobjectal à un monde objectalisé, soit du sentiment d’être au sentiment d’exister, et dans l’entre-deux il se trouve confronté au pressentiment de l’objet … et de son futur Moi non encore subjectivé.
Pressentiment de l’objet et pressentiment du Moi sont en effet indissociables.
Telle est l’ombre initiale du Moi qui se fonde sur l’investissement des liens avant même le repérage du Moi et de ses objets.
Après une enfance au cours de laquelle l’insouciance de l’enfant doit faire face aux exigences des réalités internes et externes, l’adolescence surgit avec des expressions significatives du type : « je me sens vide », rappelant le danger de la solitude et l’isolement en quête – au minimum – d’une ombre du Moi.
Le langage lui-même est attaqué dans sa fonction de dénomination des affects et des représentations conflictuelles. Cette anesthésie de la parole partagée laisse au Moi peu d’espace pour exister même dans ce qui en serait encore son ombre. Le risque de faire flamber les pulsions menace alors d’induire une désymbolisation au prix d’une confusion entre la réalité et l’imaginaire.
Du temps de la prime enfance à celui de l’adolescence, notre travail ne repose-t-il pas sur l’intérêt accordée à cette ombre et ne consiste-t-il pas à en repérer les contours, à en délier les confusions et à en éclairer les alentours ?
Souhaitons que les interventions de ce colloque nous fournissent un éclairage qui puisse néanmoins conserver … sa propre part d’ombre.

Alain Braconnier et Bernard Golse